Bonne année !

Les traditions entourant la festive période du Nouvel An s’étendent du 31 décembre à tout le mois de janvier et s’ancrent, au début surtout, autour des cérémonies religieuses où la messe du Jour de l’An et la bénédiction paternelle sont à l’honneur. C’est aussi une occasion pour se retrouver en famille et célébrer l’année qui arrive par l’échange d’étrennes, l’abondance de bons repas et mettre de l’avant la musique traditionnelle pour danser la veillée durant.

Le premier janvier est reconnu comme le premier jour de l’année depuis le milieu du 16 e siècle et, en Amérique du Nord, il semble que le Nouvel An ait toujours été souligné, depuis les débuts de sa colonisation. Jusqu'à tout récemment, les traditions sont demeurées assez semblables dans toutes les familles québécoises. Les festivités s’organisent d’abord autour du rite religieux basé sur les retrouvailles en familles et l’échange de vœux.

Avant les années 1970, à l'époque où la grande majorité des Québécois pratique encore la religion catholique, le premier janvier commence avec la messe en famille : communier la première journée de l’année porte chance, on s’habille de neuf pour éviter la maladie. Des étrennes sont échangées, suivent le repas du midi puis les visites à la parenté jusqu’au souper où toute la famille est réunie pour le grand repas du Jour de l’An. La soirée peut se poursuivre ainsi jusqu'aux petites heures du matin, par une veillée de danses ou de cartes.

Aujourd’hui, on souhaite une nouvelle année bonne et heureuse dès minuit au 31 décembre. Même si l'échange des vœux suit trop souvent la formule convenue « Bonne année, bonne santé, du succès dans tes études, du succès dans tes amours, et le paradis à la fin de tes jours ! », reste que l’esprit des retrouvailles que cette période suscite s’échelonne durant tout le mois de janvier. Depuis les années 1970, l’écoute des émissions de fin d’année est en passe de devenir une nouvelle tradition. Ainsi, le Bye Bye annuel (première diffusion en 1968), revue humoristique de l’année écoulée, est souvent l’émission la plus regardée de toute la saison de télévision.

Les chansons du Nouvel An

Le temps des fêtes est propice aux rassemblements et aux veillées et les chansons du jour de l’An ont la part belle en cette période de l’année. Plusieurs chansons à thématique festive du Nouvel An sont d'origine folklorique même. Composées plus récemment, les chansons du temps des fêtes restent d'inspiration traditionnelle. Elles évoquent, entre autres, les réjouissances et la ripaille sur des airs très rythmés propres aux veillées de danses québécoises.

Pour illustrer toute l’ambiance non seulement des veillées traditionnelles du Jour de l’An, mais aussi de toute la préparation de cette journée, il faut écouter la chanson Le jour de l’An, par la Bolduc, dont voici le populaire refrain :

C'est dans l'temps du jour de l’An
On s'donne la main on s'embrasse
C'est l'bon temps d'en profiter
Ç'arrive rien qu'une fois par année

Le jour de l’an

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Voix féminine (La Bolduc) interprétant Le jour de l’an accompagné d’un violon.

Interprète : La Bolduc,1930
Source : BAnQ – collection numérique – enregistrements sonores

Préparons-nous son père pour fêter l’jour de l´an
J’vas faire des bonnes tourtières, un bon ragoût d’l’ancien temps

C’est dans l’temps du jour de l’an, on s’donne la main, on s’embrasse
C’est l’bon temps d’en profiter, ça arrive rien qu’une fois par année

Peinture ton cutter, va ferrer ta jument
On ira voir ta soeur dans l’fond du cinquième rang

C’est dans l’temps du jour de l’an, on s’donne la main, on s’embrasse
C’est l’bon temps d’en profiter, ça arrive rien qu’une fois par année

Va t’acheter une perruque, fais toi poser des dents
C’est vrai que t’as rien que moi à plaire mais tu s’rais plus ragoûtant

C’est dans l’temps du jour de l’an, on s’donne la main, on s’embrasse
C’est l’bon temps d’en profiter, ça arrive rien qu’une fois par année

Dis bien à ton m’onc’ Nazaire de ben v’nir au jour de l´an
Mont’-z-y ton savoir faire comme tu dansais dans ton jeune temps

C’est dans l’temps du jour de l’an, on s’donne la main, on s’embrasse
C’est l’bon temps d’en profiter, ça arrive rien qu’une fois par année

Tâche pas de perdre la tête comme t’as fait il y a deux ans
T’as commencé à voir clair quand t’avais pus d´argent

C’est dans l’temps du jour de l’an, on s’donne la main, on s’embrasse
C’est l’bon temps d’en profiter, ça arrive rien qu’une fois par année

Y en a qui vont prendre un verre, y vont profiter de c’temps-là
Aujourd’hui, ça coûte si cher, y a pas d’monde qui travaille pas

C’est dans l’temps du jour de l’an, on s’donne la main, on s’embrasse
C’est l’bon temps d’en profiter, ça arrive rien qu’une fois par année

Il y en a qui sentent la pipe et d’autres qui sentent les oignons
J’aime bien mieux vous le dire tout de suite, la plupart sentent la boisson

C’est dans l’temps du jour de l’an, on s’donne la main, on s’embrasse
C’est l’bon temps d’en profiter, ça arrive rien qu’une fois par année

La chanson La parenté, popularisée par Jacques Labrecque et dont le premier vers « La parenté est arrivée nous visiter tout comme au jour de l’An » illustre aussi parfaitement la tradition des visites du Jour de l’An. Jacques Labrecque a aussi popularisé une chanson au rythme endiablé et au refrain rappelant les rencontres entre jeunes gens pendant cette période de l'année, C'est comme ça que ça se passe dans le temps des fêtes :

C'est comme ça que ça se passe dans le temps des fêtes
Tape la galette, les garçons les filles avec
C'est comme ça que ça se passe dans le temps des fêtes
C'est comme ça que ça se passe dans le temps du jour de l’An

La bénédiction

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Voix masculine (Albert Viau) qui interprète la chanson La bénédiction accompagné d’instruments à cordes.

Compositeurs : Deprès-Levy-Gustave Goublier
Harmonisation: Van de Goor
Interprète : Albert Viau, 1941
Source : BAnQ – Collection numérique – enregistrements sonores

C’est le jour de l’an, la famille entière,
Au pied de la Croix, s’est mise à genoux !
Le père se lève après la prière.
Voici ce qu’il dit d’un air grave et doux

« Sang de mon sang, fils de ma race,
Aujourd’hui, groupés sous mon Toit !
De vos anciens suivez la trace,
Demeurez gardiens de la Foi,

Sachez conserver les usages
Légués jadis par les aïeux !
Gardez surtout notre langage,
Notre parler mélodieux !

Du Canada, terre chérie
Soyez tous les fiers défenseurs
Si on attaque la patrie
Dressez vous contre l’agresseur

Mon front s’incline vers la terre
Mes pauvres jours sont bien finis
Pensez à moi dans vos prières
Allez enfants ! Je vous bénis ! »
  • Un père donne la bénédiction du Jour de l'An à sa famille agenouillée devant lui.
  • Dessin d'une veillée d'autrefois. Au centre, des gens dansent au son du violon et autour, des personnes discutent.

La mode du néo-trad

Les chansons traditionnelles n’ont pas été totalement délaissées avec la modernité : elles ont plutôt été transformées. C’est le cas de la chanson Mon Joe, une pièce traditionnelle remaniée par Paul Piché :

C't'aujourd'hui l'jour de l’An
Gai lon la mon Joe malurette
C't'aujourd'hui l'Jour de l’An
Y faut changer d'maîtresse

Cette tendance à la musique d’inspiration traditionnelle (aussi appelée néo-trad ), revient en force à l’avant-scène dans les années 1990. Les groupes composent de nouvelles chansons, au son traditionnel, en plus d’interpréter des chansons folkloriques. Ainsi, La bottine souriante, Mes aïeux, La volée d’castors, Les batinses, Swing et bien d’autres font danser les amateurs, de plus en plus nombreux à apprécier ces rythmes rassembleurs et festifs.

  • Cuillères en bois pour faire de la musique.
  • Accordéon fait de bois. Le côté est peint et orné de motifs vert, rose, blanc et doré.

La musique néo traditionnelle

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Entrevue avec Sébastien Deshaies, musicien et professeur du Collège Notre-Dame-de-l'Assomption de Nicolet, au sujet de la musique néo-traditionnelle.

Entrevue avec Sébastien Deshaies

La musique néo traditionnelle, en fait, originellement c'est une musique qui a été conçue au service de la danse et ça on parle vraiment de la musique en particulier qui a une influence, qui vient des îles Britanniques – Angleterre, Écosse, Irlande –bien oui parce que quand est arrivé en 1760 l'invasion ici, les Britanniques donc ont emporté leur bagage culturel et puis c'est comme si on est reparti à neuf complètement. Donc, on s'est approprié les reels, les gigues. Donc, on n’a pas gardé le répertoire français à part pour la chanson bien sûr, comme par exemple, À la claire fontaine.
Mais sinon, au niveau de la musique non ce n'est pas le cas du tout, on est arrivé vraiment avec cette influence des îles Britanniques. Imaginez-vous qu'on est au XIXe siècle et puis vous faites une veillée de danse, alors vous invitez évidemment des danseurs et puis un violoneux, qui était placé en fait sur une table pour avoir une vue sur les danseurs. Le violoneux en fait joue du violon, mais aussi de la podorythmie, ça c'est une particularité qu'on a au Québec. La podorythmie c'est ça [démonstration de sons produits en tapant des pieds contre le sol ou contre une planche].
Puis un peu plus tard, on est arrivée au XXe siècle et il s'est greffé d'autres instruments, des instruments comme le piano, l'accordéon aussi. Mais bon, on arrive dans les années 30, par exemple, puis il y a eu l'influence du jazz, du jazz swing des années 30. Donc, les pianistes en ont beaucoup influencé dans le jeu d'accompagnement de la musique « trad ».
Aujourd'hui, quand qu'on parle de musique néo traditionnelle, « néo-trad » comme on aime souvent l'appeler, en fait c'est un produit d'influences encore très, très, très diversifiées. Ce qui est intéressant de constater, c'est de voir qu'on adapte notre folklore à d'autres styles musicaux. Ça peut être par exemple, la musique qui vient d'Afrique ou d'autres cultures du monde. Et puis qu'on va réadapter à notre sauce à nous. Évidemment en intégrant des éléments typiquement québécois, dont l'usage de la podorythmie. En gardant le violon ou l'accordéon par exemple, ça va vraiment nous dire qu'on est dans notre couleur de musique traditionnelle québécoise. Comme l'analogie de l'arbre : l'arbre qui a des racines profondes et puis à un moment donné se développe dans sa croissance et puis des branches qui vont à gauche à droite et parfois qui prennent des formes inusitées. Donc, c'est un petit peu comme ça que je perçois l'évolution de la musique « néo-trad ».

Sébastien Deshaies, musicien
Professeur du Collège Notre-Dame-de-l'Assomption de Nicolet

Équipe technique :
David Leblanc : Réalisateur/Cadreur/Monteur
Jonathan Leblanc : Technicien

Remerciement
Conservatoire de musique de Trois-Rivières

La podorythmie

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Entrevue avec Sébastien Deshaies, musicien et professeur du Collège Notre-Dame-de-l'Assomption de Nicolet, au sujet de la podorythmie.

Entrevue avec Sébastien Deshaies

La podorythmie, c'est ça (démonstration de sons produits en tapant des pieds contre le sol). La rythmique de base... Des petites variantes qu'on peut faire... On peut aussi accompagner la valse... Isidore Soucy, un violoneux d'un autre siècle avait fait ça. Sinon, on peut accompagner la gigue, c'est moins fréquent, mais quand même... Une rythmique ternaire... Un, deux, trois. Un, deux, trois. Un, deux, trois. Un, deux, trois. Alors voilà. Sinon, je reviens à la rythmique de base... (rire) J'ai glissé! (rire)

Sébastien Deshaies, musicien
Professeur du Collège Notre-Dame-de-l'Assomption de Nicolet

Équipe technique :
David Leblanc : Réalisateur/Cadreur/Monteur
Jonathan Leblanc : Technicien

Remerciement
Conservatoire de musique de Trois-Rivières

Conservatoire de musique et d'art dramatique