L’ épluchette de blé d'Inde
L'importance de la culture du maïs au Québec, comme partout au Canada, donne lieu à la coutume de l'épluchette, qui se déroule généralement à la fin des récoltes. Autrefois, il s’agit d’une corvée nécessaire pour engranger et conserver le maïs. On réunit familles, amis et voisins pour éplucher les provisions de l’hiver. Tout au long du travail, on se divertit par des chants et des plaisanteries. Et la corvée est généralement suivie d’un repas et d’une soirée dansante, le tout souvent bien arrosé. C’est cet esprit festif qui demeure aujourd’hui, même si la notion de corvée n’est plus.
Au Québec, la soirée débute par l'effeuillage des épis de maïs, appelé blé d'Inde dans la province, amoncelés au centre de la pièce. Jusque dans les années 1950, la corvée se réalise dans la batterie de la grange, puis elle se déplace progressivement dans la cuisine, pièce principale de la maison. À travers les rires et les exclamations, on bouille, on rôtit ou on braise les épis. On égrène les maïs en les frottant les uns contre les autres ou avec une lame de fer. On en conserve aussi les feuilles pour le tressage.
Parmi les chants traditionnels associés à cette corvée, on retrouve La chanson de l’épluchette, publiée dans le recueil La gaieté canadienne : 40 autres chansons d’autrefois de Conrad Gauthier.
Nous avons fait un « bi » (bis)
Et tous nos bons amis (bis)
Dans leur grande charrette
Sont v’nus à l’épluchette
Ah! le bon blé d’Inde
Le bon blé d’Inde en épi
Ah! le bon blé d’Inde
Le bon blé d’Inde bouilli.
Les fill’s et les garçons (bis)
Ont tous belle façon (bis)
Un épi roug’ trouvé
Leur permet d’s’embrasser !
Mais avant d’le manger (bis)
Il faut bien le « mouiller »… (bis)
Pour ouvrir l’appétit
Viv’ l’étoff’ du pays !
L’épluchette
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Un duo (homme et femme) interprète la chanson L’épluchette accompagné d’un violon et d’un piano.
Compositeur : Albert Larrieu
Harmonisation : Van de Goor
Interprètes : Albert Viau et Simone Quesnel, 1941
Source : BAnQ – Collection numérique – Enregistrements sonores
Un vrai gars de par chez nous, laïrou
Je m'en fus toute seulette
À la corvée d'épluchette, laïrette
Lui: Je te remarquai beaucoup
À la Rivière-du-Loup
Il n'était pas de brunette
Si mignonne, si coquette.
Quand l'épi rouge sortira
Celui qui t'aime t'embrassera.
Va-t-en vite à l'épluchette, chette
Et tu trouveras
Un joli petit mari qui t'aime
T'aime, t'aimera.
Si tu ne veux pas rester fille
Belle canadienne gentille
Ah! cherche dans le tas
Et puis tu trouveras
Un bon et brave gars
Du Canada, oui, da!
Elle: On avait mis devant nous
Un tas de blé d'Inde roux, laïrou
Et nous faisions la causette
Sur le vieux banc d'épinette, laïrette
Lui: Je t'aimais et j'espérais
Je pensais que je serais
Le plus heureux de ce monde
Si tu devenais ma blonde.
Quand l'épi rouge sortira
Celui qui t'aime t'embrassera.
Va-t-en vite à l'épluchette, chette
Et tu trouveras
Un joli petit mari qui t'aime
T'aime, t'aimera.
Si tu ne veux pas rester fille
Belle canadienne gentille
Ah! cherche dans le tas
Et puis tu trouveras
Un bon et brave gars
Du Canada, oui, da!
Lui: En fouillant un peu partout
Je découvris tout à coup, laïrou
Un épi, ma mie Annette
Rouge comme cerisette, laïrette
Elle: Alors, te levant d'un bond
Tu m'embrassas sur le front
Montrant à tous sans attendre
Le bel épi rouge tendre.
Quand l'épi rouge sortira
Celui qui t'aime t'embrassera.
Va-t-en vite à l'épluchette, chette
Et tu trouveras
Un joli petit mari qui t'aime
T'aime, t'aimera.
Si tu ne veux pas rester fille
Belle canadienne gentille
Ah! cherche dans le tas
Et puis tu trouveras
Un bon et brave gars
Du Canada, oui, da!
Skamonkas, lune du maïs
Le maïs revêt une grande importance dans les cultures amérindiennes. Voici une légende Wabanakis portant sur le maïs.
Parmi les treize lunes du calendrier de la nation Wabanakis, Skamonkas, la lune de septembre, est celle du maïs. Les Wabanakis vénèrent cette plante, un cadeau précieux de la Première Mère. La légende veut que celle-ci donne sa vie pour sauver ses enfants victimes d'une grande famine : les produits de la chasse ne suffisent plus à nourrir la population sans cesse croissante. Première Mère meurt et son corps renaît sous la forme de plants de maïs et de tabac. Elle leur apprend à conserver les grains de maïs pour les semer à nouveau, de façon à ne plus jamais manquer de nourriture. Le tabac, quant à lui, sert de soutien à la prière quand sa fumée s'élève vers le ciel.