Les téléromans

Les premiers téléromans (1946-1959)

Déjà familiers avec les radioromans, les Québécois deviennent rapidement adeptes des téléromans. De tous les genres télévisuels des années 1950, c’est celui qui recueille le plus d’auditeurs. Ces personnages deviennent de véritables références de la culture populaire québécoise. À cette époque, Les Belles Histoires des pays d’en haut de Claude-Henri Grignon, Rue des pignons de Louis Morisset et Mia Riddez, Le Survenant de Germaine Guèvremont, Cap-aux-sorciers de Guy Dufresne, 14 , rue de Galais d’André Giroux et La Pension Velder de Robert Choquette comptent parmi les téléromans les plus suivis. Reconnaissables entre toutes, les musiques de ces téléromans ont grandement marqué l’inconscient collectif de la société, au même titre que les personnages qu’ils mettaient en scène.

La famille Plouffe

Précurseur du genre, Les Plouffe de Roger Lemelin, passe de la radio à la télévision en novembre 1953 sous le nom de La famille Plouffe. Cette œuvre raconte le quotidien d'une famille ouvrière de la basse-ville de Québec. Le souffle qui anime les classes populaires se retrouve tout entier dans cette série, miroir des conditions d’existence et des aspirations de la majorité. La famille Plouffe devient ainsi une référence pour les autres séries, faisant de ses comédiens les premières vedettes québécoises du petit écran.

Les Belles Histoires des pays d’en-haut

Après 24 années sur les ondes radiophoniques de Radio-Canada, les personnages du radioroman Un homme et son péché revivent à la télévision dans la série Les Belles Histoires des pays d'en haut, dont le premier épisode est diffusé en octobre 1956. Séraphin Poudrier, maire d'un village des Laurentides et agent de colonisation, est un des personnages les plus influents de la région suscitant autant la haine que la soumission. Entre 1956 et 1970, Radio-Canada présente plusieurs centaines d'épisodes de cette série qui a donné vie à des personnages marquants de l’histoire de la télévision québécoise.

Les téléromans de la Révolution tranquille (1960-1969)

Dans le contexte de la Révolution tranquille des années 1960, les téléromans illustrent le désir d’émancipation de la société québécoise où les rôles familiaux sont en mutation. En 1966 est donc présenté Rue des Pignons, qui dresse un portrait de la vie de famille dans un quartier ouvrier de Montréal.  Entre 1966 et 1970, est diffusé Moi et l'autre, une comédie avec Dominique Michel et Denise Filiatrault dans les rôles de Dominique André et Denise Létourneau, deux femmes qui en font voir de toutes les couleurs au gérant de leur immeuble et à son concierge.

Les téléromans de la quête individuelle (1970 à 1995)

Dans les années 1970, les luttes contre la fatalité et l’autorité prennent des allures plus discrètes, mais demeurent tout aussi ambitieuses : ne jamais démissionner devant le malheur. La vie est difficile, mais pas noire. Les années 1980 se traduisent par une nouvelle forme de combativité : le « Québec inc. » s’impose, l’ambition monte d’un cran. L’apparition de séries prestigieuses comme Lance et compte y est certainement pour beaucoup. C’est à cette période que les téléromans introduisent dans l’imaginaire québécois le mythe du gagnant, qui s’appuie sur une quête de succès, individuelle ou collective.

La Petite Patrie

Dans le téléroman La petite patrie, Claude Jasmin raconte la vie d'une famille modeste du quartier Villeray, à Montréal. De 1974 à 1976, Radio-Canada présente 75 épisodes de la série. Ce téléroman réalisé par Florent Forget met notamment en vedette Jacques Galipeau et Gisèle Schmidt.

Lance et compte

Diffusé entre 1986 et 1989 à Radio-Canada, ce téléroman révolutionne le genre. Avec du rythme et de l’action à profusion, des scènes extérieures, mais surtout avec la mise de l’avant de la figure du gagnant. La réussite personnelle devient ainsi la nouvelle panacée et le personnage de Pierre Lambert cristallise les aspirations de milliers de téléspectateurs.

Les filles de Caleb

Les filles de Caleb raconte la vie amoureuse d'une institutrice de rang, Émilie Bordeleau, avec Ovila Pronovost, un aventurier amateur de grands espaces. Un des plus grands succès de l'histoire de la télévision québécoise, Les filles de Caleb obtient des cotes d'écoute spectaculaires de plus de trois millions de téléspectateurs.

Les téléromans sociétal (1995 à 2000)

Dans les années 1990 et 2000, les débats collectifs font une percée dans plusieurs productions. Plusieurs auteurs choisissent le téléroman pour aborder des thématiques controversées et reliées à l’actualité. Le téléroman sociétal illustre ainsi une plus grande ouverture sur le monde. Au contexte strictement privé des cuisines, salons et chambres à coucher, s’ajoutent les bureaux, écoles, commerces, cours de justice, arénas, etc.

Omertà

Omertà est une série télévisée en 38 épisodes de 45 minutes créée par Luc Dionne et diffusée de 1996 à 1999 sur les ondes de Radio-Canada. Cette série en trois volets raconte les démêlés d'un policier inventif et aux méthodes parfois peu orthodoxes, avec différents membres de la mafia montréalaise. Elle met en vedette notamment Michel Côté et Luc Picard et la musique est composée par Michel Cusson.

Virginie

Virginie, jeune enseignante à l'école secondaire Sainte-Jeanne-d’Arc, vit des hauts et des bas dans sa classe d'élèves en difficulté, mais aussi dans l'école en général et dans sa vie privée. Virginie est un feuilleton de 1 740 épisodes de 25 minutes créé par Fabienne Larouche et diffusé entre 1996 et 2010 à Radio-Canada.