Le temps des sucres
Le temps des sucres est généralement associé à des moments d'agréments, même si la cabane à sucre est aussi un lieu de travail, du moins à l’origine. Jusqu’au milieu du 20 e siècle, alors que la religion catholique est présente dans les pratiques culturelles des Québécois, le temps des sucres concurrence la période du carême au cours de laquelle l’Église recommande un jeûne sévère. Cette exigence ne réussit jamais à priver le peuple québécois de ce moment de réjouissances à la fin d’un long hiver. Bien que le contexte ait bien changé, la coutume d'aller à la cabane à sucre demeure encore aujourd’hui une tradition des plus populaires au Québec.
Cabane à sucre
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Vidéo au son de l’accordéon, d’une cabane à sucre qui fonctionne à longueur d'année.
Source : Cabane à sucre Chez Dany
Un savoir-faire autochtone
Les Amérindiens recueillent la sève d'érable bien avant l’arrivée des Européens en Nouvelle-France. Ils leur enseignent la technique au début du 18 e siècle. À cette époque, un nombre important de sucriers exploite des érablières situées sur les terres de la Couronne ou de la seigneurie ne leur appartenant pas. Une place de feu et un abri temporaire sont construits, puis démolis à la fin de chaque saison de sucre. Il faut attendre la première moitié du 19 e siècle pour voir les premières cabanes à sucre permanentes.
Depuis les années 1970, la cabane à sucre s’est transformée en une entreprise commerciale où sont accueillis des groupes nombreux dans de vastes salles. La technique de cueillette par tubulures sous vide a également réformé la production. Bien que certains exploitants maintiennent encore les pratiques anciennes, la production du sirop d’érable est maintenant tournée vers les techniques modernes avec un objectif de rentabilité.
La tradition festive de la cabane à sucre
Bien vite, la cabane à sucre devient un lieu de détente : famille, amis et voisins s’y réunissent et rendent visite aux sucriers. Délicieuses dégustations et copieux repas sont au menu. L’ambiance est parfois agrémentée de musique, de chants et de danses. Les parties de sucre sont animées : jeux de cachette dans le bois, combats de balles de neige, rallyes, récits d'anecdotes, musique, chansons et danses. Le tout, bien arrosés des boissons de la maison, qui font la bonne ou la mauvaise réputation des cabanes à sucre.
Le retour du printemps est une saison favorable aux amours. D’ailleurs, même si ces lieux éloignés de la surveillance habituelle inquiètent les bien-pensants, à un point tel que la Ligue du Sacré-Cœur, par le biais du journal L'Action catholique, envoie aux propriétaires de cabanes à sucre de sérieuses mises en garde à cet effet en mars 1949.
Le temps des sucres en chansons
Les rencontres à la cabane sont propices aux chansons rassembleuses : Marius Barbeau raconte d’ailleurs un départ pour « monter à la cabane », au début des années 1940, où les sucriers s’y rendent en chantant des chansons de marche. À Notre-Dame-du-Portage, Alcide Léveillé entonne :
J'ai fait une maîtresse, y a pas longtemps (bis)
J'irai la voir dimanche, ah oui, j'irai !
La demande à m'amie, je lui ferai
Dans les cahiers de la Bonne chanson, l'abbé Charles-Émile Gadbois y va lui aussi d'une de ses compositions pour faire découvrir les plaisirs d'une partie de sucre. Dans ces mêmes cahiers, le poète et auteur français Albert Larrieu, établi au Canada, a quant à lui composé une chanson sur la cabane à sucre, dont voici le populaire refrain :
En caravane allons à la cabane, Oh ! E-ho !
On est jamais de trop
Pour goûter au sirop (bis)
D'érable !
La cabane à sucre
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Voix masculine (Albert Viau) accompagné d’un piano qui interprète la chanson La cabane à sucre.
Compositeur : Albert Larrieu
Interprète : Albert Viau, baryton, 1952
Source : BAnQ – Collection numérique – enregistrements sonores
A dormi pendant de longs mois
La sève monte dans les branches
Un frisson réveille les bois
Dans les érablières
Sont allés tous nos gens
La joyeuse clairière
Retentit de leurs chants
Voici qu'arrive le printemps.
En caravane allons à la cabane
Oh! eh oh ! On n'est jamais de trop
Pour goûter au sirop
Pour goûter au sirop d'érable.
Toute la famille est complète
Chacun veut en avoir sa part
Voici Hermas et Guillaumette
Et voici le gros Adélard
- Bonjour tante Julie
Comment vont les enfants ?
- Très bien chère Amélie
Nous sommes tous contents
Pour les sucres quel joli temps.
L'oncle Damase et l'oncle Pierre
Crient très fort, font les empressés
- Mettez du bois sous la chaudière
Voyez l'eau ne bout pas assez.
Pour lécher la palette
Jeanne accourt sans retard
Pendant que font trempette
Baptiste et Léonard
N'y a qu'Oscar qui reste à l'écart.
Voici l'instant où l'on retire
Le chaudron bouillant du foyer
On va verser la blonde tire
Sur la neige au bout du sentier
Ensuite au clair de lune
On s'en revient chez nous
Et j'en connais plus d'une
Qui choisit son époux
Le soir en revenant tout doux.